Publication du Dr Laurence Hameury (mars 2016)
Le Dr Laurence Hameury en tant que pédopsychiatre hospitalier de 1980 à 2010 au Centre Universitaire de Pédopsychiatrie du CHRU de Tours, qui a pu mettre en place avec le soutien du Professeur Lelord une activité de thérapie avec le cheval pour des enfants présentant des troubles du spectre autistique. A l’aide d’outils d’évaluation validés et spécifiques de l’autisme, elle a pu réaliser un travail d’évaluation des bénéfices apportés par cette approche. Cette étude a été publiée dans une revue scientifique (Annales Médico-Psychologiques, 2010, 168, 9, 655-659).
« Les thérapies incluant la médiation animale sont actuellement en plein développement et leurs bénéfices sont reconnus et validés par des études scientifiques évaluant les résultats.
Les équidés participent de plus en plus aux soins pour des personnes en difficulté. En effet, le cheval est un médiateur permettant d’étendre à un contexte ordinaire et valorisant les principes de thérapeutiques classiques, en particulier dans le domaine psychique.
Il peut contribuer au mieux-être des personnes en situation de fragilité physique et psychologique et les aider à développer ou retrouver leur potentiel. C’est un allié qui apaise et sert d’intermédiaire pour la relation avec autrui.
En effet, le cheval (ou le poney selon les indications), animal hypersensible à l’environnement, au comportement et aux émotions des personnes autour de lui, témoigne par son attitude de notre façon d’être et nous amène à réfléchir sur notre mode interactionnel. Avec lui s’établit une communication émotionnelle et sensitive. Il permet d’apprendre à exprimer et gérer ses émotions, à tenir compte d’autrui, à développer la confiance en soi, à mieux percevoir son corps, à développer ses initiatives.
Les propriétés thérapeutiques liées au cheval sont connues depuis l’Antiquité (Grèce, Xénophon). C’est depuis un demi-siècle que des activités de soin modernes sont pratiquées par la médiation du cheval, avec différents courants. Les premières publications datent de 1973 (de Lubersac, Lallery) sur les bénéfices psychomoteurs puis Faucon (thèse médecine 1977) a montré l’intérêt de l’équithérapie en pédopsychiatrie.
La thérapie avec le cheval (équithérapie) est un soin fondé sur la présence du cheval comme médiateur thérapeutique et dispensé à une personne dans ses dimensions psychiques et corporelles. Il est intégré à un programme thérapeutique coordonné et réalisé en complément des soins médicalisés, en s’appuyant sur un projet individualisé adapté à chaque patient. Les conditions de sécurité doivent être optimales. D’autre part il est important qu’il se pratique en réseau avec les structures de soins conventionnelles, les structures socio-administratives et les associations.
Les bénéfices ont tout d’abord été observés dans le domaine de la motricité, puis au niveau émotionnel (lâcher prise, relaxation, confiance en soi, estime de soi, régulation émotionnelle, diminution de l’anxiété), sensoriel (perception de son corps et écoute de ses sensations, proprioception, régulation du tonus, bien-être), cognitif (attention, résolution de problèmes, prise de décision, raisonnement, mémoire, connaissances) et relationnel (écoute de l’autre, attention conjointe, communication non verbale, expression de ses émotions et de ses sensations). Les résultats observés chez des enfants présentant des troubles du spectre autistique sont particulièrement intéressants.
Les bénéfices sont donc très larges, ce qui explique que l’on observe actuellement une importante diversification des indications et des moyens, et l’implication des psychologues dans la thérapie avec le cheval (Edmond, IFEq). Des formations de qualité sont proposées, les notions d’éthique, y compris concernant le confort du cheval, sont également prises en compte.
La France est au premier plan. Depuis 2003 des études d’évaluation quantitative des résultats ont été réalisées, en particulier dans le domaine de l’autisme, d’abord en France (Ansorge, Lorin de Reure, Hameury, Casarotto) puis à l’étranger (USA : Kern, Gabriels ; Bosnie Herzegovine : Memisevikj ; Allemagne : Schulz ; Australie : Ratcliffe ; Italie : Giribaldi ; Autriche, ….).
La thérapie avec le cheval au Centre Universitaire de pédopsychiatrie du CHRU de Tours :
Durant mes fonctions de pédopsychiatre hospitalier de 1980 à 2010 au Centre Universitaire de Pédopsychiatrie du CHRU de TOURS, j’ai pu mettre en place avec le soutien du Pr Lelord une activité de thérapie avec le cheval pour des enfants présentant des troubles du spectre autistique (en appliquant au contexte de l’équithérapie les principes de la thérapie d’échange et de développement (Lelord, Barthelemy, Hameury)) et aussi pour des jeunes présentant des troubles des émotions ou des conduites associés à des conditions psychosociales difficiles.
A l’aide d’outils d’évaluation validés et spécifiques de l’autisme, j’ai pu réaliser un travail d’évaluation des bénéfices apportés par cette approche. Cette étude a été publiée dans une revue scientifique (Annales Médico-Psychologiques, 2010, 168, 9, 655-659).
Les résultats ont montré que l’utilisation du cheval (ou du poney) comme médiateur d’une thérapie permet de développer chez l’enfant les systèmes d’adaptation à l’environnement social ainsi que la régulation des fonctions intellectuelles, sensorielles, motrices, relationnelles et émotionnelles. La thérapie avec le cheval suscite des échanges adaptés et valorisants dans une ambiance tranquille et apaisante et dans un cadre proche de la nature. Elle apporte épanouissement, plaisir, confiance en soi, le cheval étant un animal avec lequel l’attachement et le lien affectif se créent facilement. Les parents ont été associés au projet et heureux de voir leur enfant exprimer de nouvelles capacités et s’épanouir dans une activité en milieu ordinaire.
Etant donné les résultats positifs démontrés par les différentes études scientifiques au niveau international et les nombreuses indications qui en découlent, il serait maintenant très important que la thérapie avec la médiation du cheval soit reconnue et incluse dans les recommandations de la Haute Autorité de Santé. Cela implique que les formations restent très rigoureuses et que cette thérapie soit réalisée par des thérapeutes expérimentés issus du secteur médico-psychologique et ayant une solide formation équestre. »